La question :
Bonjour Alexandra,
J’ai récemment réagi fermement envers une personne qui a été agressive par message puis au téléphone. Elle m’a écrit des reproches, des choses qu’elle aurait entendues sur moi (des mensonges) sans entrer dans les détails. J’ai répondu brièvement à son message, je ne comprenais pas de quoi elle parlait. Puis elle m’a appelée 2 jours plus tard. Au téléphone elle s’énervait, la conversation ne menait nulle part. Je lui ai proposé que nous nous voyions directement pour en discuter, elle a refusé. Je n’ai pas insisté, n’ai pas souhaité travailler sur cette relation (ni révision, ni affirmations, etc…) et j’ai souhaité tout simplement faire du tri, tourner la page de cette relation « amicale », que je considère toxique et inutile dans ma vie. Car « tout arrive pour une bonne raison ».
J’ai simplement répondu à cette personne quelques jours plus tard que si elle ne souhaitait pas me rencontrer pour régler le problème, c’était inutile de me contacter et de me donner la moitié des informations. Je lui ai écrit de me laisser vivre ma vie tranquillement, de vivre la sienne, et de ne plus venir « m’importuner » pour des choses inutiles, sans explications plus précises, car je sais qui je suis (une personne intègre et honnête), que personne ne peut m’en faire douter, que je suis une adulte qui règle les soucis les yeux dans les yeux si besoin, et que je n’aurai aucune difficulté à tourner la page de cette relation.
Je me pose cette question : Est-ce que ma façon de gérer le problème est assimilée à un self-concept au top car je me fais respecter en la sortant de ma vie, ou bien au contraire est-ce que cela peut s’assimiler à une position de victime (« laisse-moi tranquille » ou « laisse-moi vivre ma vie », « ne vient plus m’embêter avec ta colère », etc..) ?
En coaching Bootcamp, Johanna m’avait dit que nous avons le droit de nous faire respecter avec certaines personnes et de mettre certains points sur les « I ». Cependant je n’arrive pas à prendre le recul sur des situations telles que celle-ci et savoir si cela reflète un self-concept excellent ou mauvais ? Ou entre les deux ! Je me souviens par ailleurs d’un de tes cours du calendrier dans lequel tu dis que tu as fait du tri aussi dans certaines de tes relations pour avancer positivement, mais j’ai besoin d’un éclaircissement.
Merci !
Si toi aussi tu souhaites poser une question anonymement sur notre blog voici la marche à suivre : https://sorayainparadise.com/alexandra-repond-a-vos-questions/
La réponse de l’experte :
Bonjour,
Je te remercie pour ta question.
Pour commencer, pour trouver réponse à cette question, il faut aller chercher en soi les réponses à CES questions :
– est-ce que je ressens un profond sentiment d’injustice ?
– est-ce que je suis véritablement en colère contre cette personne ?
– est-ce que je souhaite qu’elle s’en veuille/culpabilise/regrette ?
– est-ce qu’il m’arrive souvent de ressasser les mots qu’elle m’a dit ?
– est-ce qu’il m’arrive de me demander ce que j’ai pu faire de mal ?
– est-ce que j’argumente parfois avec cette personne dans ma tête (notamment pour prouver que je suis quelqu’un d’intègre, de bien…) ?
Une fois que tu as répondu à toutes ces questions, tu as une première piste à explorer (j’évoquerai la deuxième piste à la fin).
Ta décision de couper les ponts n’est pas, à elle seule, le reflet de ton self-concept. Pourquoi ? Parce que c’est ce qui se passe à l’intérieur de toi qui compte (et ce sont les réponses aux questions précédentes qui vont déterminer ce qui se passe en toi).
Donc ton self-concept est top si : à l’intérieur de toi, rien n’est ébranlé par cette histoire ; Tu es sereine, tu te sens parfaitement détendue ; Tu ne remets rien en question ; Tu ne repasses pas “tout ce que tu as fait pour cette personne” en boucle dans ta tête ; Tu ne rumines pas ses paroles, tu n’as pas des conversations intérieures sans fin entre elle et toi ; Tu ne cultives aucun ressentiment c’est à dire que tu n’as absolument aucun désir de vengeance, mais tu n’as pas non plus d’envie que cette personne se sente mal, triste, coupable, qu’elle te présente des excuses ou qu’elle vive à son tour des accusations dans sa vie “pour comprendre ce que ça fait” etc…
En somme, tu es déjà passé totalement à autre chose, tu as “oublié” cet événement et il ne te provoque aucune réaction émotionnelle
Parce que non, couper les ponts avec quelqu’un ne signifie absolument pas que le self-concept est excellent.
C’est une action certes, mais est-elle inspirée par un excellent état de conscience ou forcée par un mauvais état de conscience ? (Voir mon article de blog sur les actions inspirées). Oui, on peut penser que c’est savoir imposer ses limites et ne pas accepter ce genre de comportements dans sa vie MAIS…
Si tu coupes les ponts et qu’à côté de ça tu laisses la personne et/ou la situation vivre sans loyer dans ton esprit, ça signifie que tu ne respectes pas vraiment tes limites… Pire, c’est TOI MÊME qui les dépasse !
C’est également se mentir à soi-même que d’affirmer haut et fort qu’on est quelqu’un de bien, qu’on connaît sa valeur, qu’on n’a rien à prouver à qui que ce soit quand, au fond de soi, on passe son temps à ruminer, à ressentir de la colère, à reprocher, à argumenter dans son esprit et à espérer que l’autre se sente mal à propos de ce qu’il vous a fait et/ou dit.
À ce moment-là, le self concept est très mauvais…
Donc je ne peux pas répondre à ta question en me basant seulement sur ce que tu me racontes car ta réaction face à la situation peut aussi bien être une décision prise par l’ego.
Toi seule a la réponse.
Cependant, je me permets de te poser une question qui sera la deuxième piste à explorer : Pourquoi me poses-tu cette question ?
Il me semble que l’essence même de la confiance (en soi, en sa valeur, en ses décisions et en ses opinions) est de ne pas remettre en question cette confiance. Tu n’es visiblement pas convaincue que ton self-concept soit bon. Pourquoi ???? Essaie de voir que cette interrogation est déjà un élément de réponse.
Je terminerais en te donnant un aperçu extérieur de ce que tu renvois concernant ton self-concept : Imagines que tu sois avec une personne (par exemple en train de boire un verre dans un bar) qu’on appellera Albertine. Une tierce personne débarque et accoste Albertine avec agressivité. Elle la critique, peut-être même qu’elle l’insulte. Albertine semble rester plutôt sereine. Elle demande à en discuter en vain. Elle va finir par répondre qu’elle n’est pas atteinte par ces reproches car elle connaît sa valeur et va demander à la tierce personne de bien vouloir arrêter de l’importuner. Jusque-là, tu pourrais penser qu’elle a un excellent self-concept. Maintenant imagines qu’après ça, Albertine te dise : “T’as vu ? Je connais ma valeur. Je sais ce que je vaux. Ce que cette personne a dit est faux.
Je me fous de cette personne et de son opinion. Je n’ai aucun problème à passer à autre chose…”. Peut-être vas-tu commencer à réaliser que le simple fait qu’elle en parle encore, au lieu de reprendre votre conversation plaisante là où elle s’était arrêtée, prouve qu’elle ne passe pas si facilement “à autre chose” et que ce besoin d’appuyer sur sa réaction en t’expliquant un peu trop en détails dénote un peu avec ce qu’elle semble affirmer sur sa confiance en elle.
Puis voilà qu’elle te demande : “On est d’accord, ma réaction prouve que je me fais respecter hein ? Et que je connais ma valeur ?! Ou alors ça prouve le contraire ? Qu’est-ce que tu en penses ? Moi je pense que ça prouve que j’ai confiance en moi et que je me fais respecter non ?”.
À ce moment-là, que penses-tu de son self-concept ???
Je te laisse méditer sur ça…
À bientôt,
Alex